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Mise en œuvre d’un dispositif de prévision des échouements de Sargasses par Météo France

Depuis 2011, les côtes antillaises et, dans une moindre mesure, guyanaises font face à des échouements massifs d’algues brunes appelées sargasses. Ce phénomène devenu récurrent depuis 2018 engendre des dégagements de gaz (hydrogène sulfuré et ammoniac) nocifs pour la santé lors de la décomposition des algues. Il pose également des problèmes environnementaux, économiques et logistiques pour évacuer les tonnes d’algues échouées, d’autant plus que ces algues contiennent de l’arsenic

Contexte

Depuis 2011, les côtes antillaises et, dans une moindre mesure, guyanaises font face à des échouements massifs d’algues brunes appelées sargasses. Ce phénomène devenu récurrent depuis 2018 engendre des dégagements de gaz (hydrogène sulfuré et ammoniac) nocifs pour la santé lors de la décomposition des algues. Il pose également des problèmes environnementaux, économiques et logistiques pour évacuer les tonnes d’algues échouées, d’autant plus que ces algues contiennent de l’arsenic.

Pour faire face à cette situation, l’État s’est mobilisé et deux plans nationaux successifs de prévention et de lutte contre les Sargasses ont été mis en place. Le second plan national de prévention et de lutte contre les Sargasses qui couvre la période 2022-2025 est piloté par le Ministère chargé des outre-mer.

Le premier plan Sargasses comportait un volet concernant la surveillance, la détection et la prévision des échouements des bancs de Sargasses qui avait été confié au Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) du Ministère chargé de la Transition écologique. Afin de répondre à ses engagements, le ministère, par l’intermédiaire de la sous-direction de la recherche du CGDD et de la direction de l’eau et de la biodiversité, a confié à Météo France, fin 2018, la coordination et la mise en place d’un dispositif opérationnel de prévision des échouements de Sargasses, s’appuyant sur des observations satellitaires et des modèles de dérive,  pour produire des bulletins de suivi et d’alerte  afin d’aider à la décision les autorités locales et d’informer les citoyens en toute transparence via les médias locaux.

Pour le second plan Sargasses, le CGDD aux côtés de la direction de l’eau et de la biodiversité est co-pilote de la mesure 1 visant à « Pérenniser dès 2023 la fourniture d’un service de prévision par Météo France pour la prévision des échouements de Sargasses à 4 jours ainsi qu’une tendance de 15 jours à 2 mois. ». Depuis 2023, cette mission de prévision et d’alerte est devenue une mission institutionnelle de Météo France.
 

La méthode / en pratique

Le bulletin de surveillance et de prévision présente les prévisions des échouements de Sargasses à 4 jours ainsi qu’une tendance à 15 jours et à 2 mois.

La conception de ce bulletin repose sur l’utilisation d’images satellitaires à moyenne et haute résolution. Les données utilisées proviennent notamment des satellites Sentinel 2 et 3 du programme européen d’observation de la Terre Copernicus. Les images satellitaires permettent de détecter et localiser les radeaux de Sargasses au large des Antilles.

Une fois les radeaux de Sargasses détectés, la prévision de leurs trajectoires de dérive est calculée grâce au modèle de dérive MOTHY de Météo France en prenant en compte l’effet combiné du frottement du vent de surface et des courants marins sur les Sargasses.

Pour améliorer les résultats des prévisions de dérive des bancs de sargasses effectuées par Météo France, le CGDD a mandaté Mercator Ocean International pour fournir des données haute résolution pour mieux forcer le modèle MOTHY de Météo France.

En parallèle, Météo France s’est impliqué dans le projet CESAR soumis à l’appel à projets (AAP) Sargassum, qui a été piloté par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et cofinancé par les régions Guadeloupe, Martinique, Guyane, l’ADEME et deux organismes brésiliens.

Pour pallier le manque de données disponibles, une campagne d’observation financée par le CGDD sera organisée en 2025 par Météo France afin de mieux valider la chaîne opérationnelle de détection des radeaux de sargasses et de simulation de leur dérive. Cette campagne sera également mise à disposition de la communauté scientifique.

Les résultats

Le bulletin produit est utilisé par les services de l’État en charge des Sargasses (cellule PULSAR à la Guadeloupe) et le GIP Sargasses à la Martinique pour d’une part anticiper, prévenir et lutter contre les risques liés aux échouements de Sargasses et d’autre part assister les Préfectures dans la définition des moyens de secours ou de prévention à mettre en place pour accompagner les collectivités et protéger les populations.

Les collectivités locales l’utilisent pour informer les citoyens sur les échouements potentiels et pour une meilleure anticipation des opérations de collecte, de transport et de stockage des algues.

Les avantages et limites de la solution

  • Avantages
    • Visibilité court, moyen et long-terme sur les prévisions d’échouement
    • Document facile à comprendre
  • Inconvénients
    • Nécessité d’un historique d’échouement (minimum 1 an) pour une mise en œuvre efficace sur le terrain
    • Pas d’estimations des volumes prévus
  • Incertitudes liées :
    • aux caractéristiques des images satellites (résolution spatiale, temporelle) ;
    • aux conditions d'observations (présence de nuages, eaux peu profondes) ;
    • aux limites des modèles (difficulté de simuler la dérive près des côtes, modélisation uniquement de la dérive physique, pas de paramètres biologiques comme la croissance)

Dispositif de financement utilisé

Le ministère chargé de la transition écologique a confié à Météo France fin 2018, la coordination et la mise en place de ce dispositif opérationnel de prévision des échouements de Sargasses. Afin que Météo France puisse monter en compétences sur cette thématique et que cette activité devienne une mission institutionnelle de l’établissement, le ministère a soutenu financièrement Météo France sur une période de 4 années. Le ministère soutient financièrement la campagne d'observation qui aura lieu en juin 2025 et qui permettra de valider la dérive et la détection satellite.

Transférabilité

La mise à disposition des données de télédétection sur la plateforme ODATIS permettra un accès facilité et une meilleure gestion des données pour les utilisateurs.

ODATIS est un pôle de données et de services pour l'océan qui fédère au niveau national des activités de gestion de données et d'expertise scientifique en océanographie. En contribuant à promouvoir et faciliter l'utilisation des données d'observations réalisées dans l'océan, ODATIS aide à décrire, quantifier et comprendre l'océan dans sa globalité, tant en haute mer qu'en zone côtière.

Perspectives

Pour améliorer les détections, il est prévu de travailler sur d'autres capteurs dotés de caractéristiques différentes, tels qu’une meilleure résolution spatiale, temporelle et/ou spectrale. Par ailleurs, l'utilisation de données de forçage plus précises, comme ARCAN36 en complément de GLO12, sera mise en œuvre pour MOTHY. Enfin, des données terrain seront acquises afin de valider les détections et les simulations de dérive

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Acteur :
Météo France
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